Mon travail du fil s’étend au delà de la forme étole, vêtement, objet.

Au quotidien je travaille et cherche des formes d’expression avec la fibre et le geste Tissage.

Avant ma découverte du tissage, mon travail était concentré sur ce qui se trouve à la frontière, à la limite de l’apparence.

La vidéo a été pendant longtemps mon médium principal, un vecteur pour explorer ces interstices du visible.

La découverte du tissage, au départ perçu comme un geste technique, m’a apporté une véritable libération créative. Le cadre structuré qu’il impose m’a semblé une richesse, un terrain d’expérimentation. Ce médium, dans sa rigueur et ses possibilités infinies de transformation, m’a permis d’ouvrir des pistes nouvelles.

L’influence de l'ouvrage *Du Tissage* d'Anni Albers et de l’exposition d'Olga de Amaral ont été décisives. Ces références m’ont incitée à dépasser la simple étole ou la forme première, et à explorer le tissage comme un espace pour des formes plus organiques et fluides.

Le tissage, en tant que processus, est devenu un prolongement de mes recherches antérieures : une manière d'interroger l’espace, de l’habiter et de le modeler.

Le geste lui-même, sa répétition, sa lenteur, sa ritualité, porte en lui une intention profonde, un travail qui s'apparente à une révélation progressive.

Ce n'est pas seulement le geste de tisser qui m'intéresse, mais aussi tout ce qu’il suscite : la patience, l’attention, l’incertitude. Comme la photographie, il y a un travail de révélation, d’apparition d’une forme à partir de l’état matière. Une émergence à la fois matérielle et symbolique.

Jamila m’a appris à tisser.

J’ai souhaité laisser la place à ses gestes, le rythme sonore de son travail.

Les gestes sont sûrs, sa présence nous guide.

Glanage au fond de la Ria de Port Bali

Paysage doré

210 x 75 cm

Mado est mon amie d’enfance.

Il y a peu, j’ai retrouvé un recueil de trésors.

Des dessins que Mado m’adressait lorsque nous étions à l’école, que j’ai gardés précieusement.

Je lui en ai envoyé des photos et elle a voulu poursuivre notre correspondance, comme elle ne dessine plus elle a écrit un poème.

A l'attention d'une filamante

Le fil danse entre mes doigts,

Écho du vent, murmure de soi,

Chaque trame, un battement,

Une histoire tissée lentement,

Là, l’azur d’un matin clair,

Ici, l’ocre d’une terre fière,

Les couleurs se croisent, s’entrelacent,

Un rythme secret, une douce audace,

Le bois grince, le temps s’apaise,

Sous mes mains naît la genèse,

Un fragment du monde en fils tendus,

Unique, vibrant, jamais revu,

Tisser, c’est convoquer l’essence,

Sculpter le fil avec patience,

C’est écouter, c’est ressentir,

Donner au silence un souvenir,

Alors que s’achève l’ouvrage,

Que s’éloigne l’ombre des nuages,

Reste la pièce, née du cœur,

Témoin d’un art, d’une lueur

Saule osier, ronces

Tissage à huit mains

A partir de l’ouvrage d’Anni Albers Du Tissage dans lequel elle retrace les débuts et divers questionnements, contraintes rencontrés autour de l’outil : métier à tisser,

j’ai pu comprendre, imaginer et concevoir un métier simple se composant de trois parties. Celle du milieu comporte un peigne en métal permettant de séparer tour à tour la rangée de fils A et B.

Comme l’ ouvrage se conçoit dans l’espace (contrairement à mon métier classique qui me permet d’enrouler ma réserve de fils d’un côté et ma réserve de matière tissée de l’autre),

je peux ainsi tisser des baguettes de verre soufflé qui ont plus consistantes et solides que le fil ou le végétal.

Huile sur toile, fil